Artur et Helmut

J’étais en train de préparer un papier enthousiaste sur un de ces coffrets-trésors qui nous restitue l’art d’un très grand chef, un peu disparu des radars, Artur Rodzińskiné à Lviv en 1892, mort à Boston en 1958.

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A propos d’un précédent coffet sur Robert Casadesus, je dénonçais le prix de vente abusivement élevé de ce type de rééditions dans les magasins français. Ai-je été entendu ? Cette nouveauté Scribendum est disponible autour de 40 €. Une aubaine dont il faut d’autant plus profiter qu’un vrai travail de remasterisation permet de redécouvrir, dans leur splendeur originelle, des prises de son magnifiques, les premières stéréo à Londres.

Si l’on devait trouver un qualificatif facile pour décrire l’art de ce chef, on pourrait le situer entre Toscanini et Monteux, pour la précision, l’alacrité rythmique, le sens des couleurs. On aime tout particulièrement les Falla, Albeniz, Kodaly, une 5ème de Chostakovitch âpre et droite, des Tchaikovski idiomatiques (superbe Casse Noisette) …

Tous les détails de ce coffret miracle ci-dessous.

La nouvelle de l’après-midi c’est bien sûr la disparition d’Helmut KohlL’honnête chancelier chrétien-démocrate est entré dans l’Histoire, en se faisant, envers et contre tout et tous, l’artisan résolu d’une réunification de l’Allemagne que personne, à commencer par lui, n’imaginait aussi rapide à l’orée des années 90. Chapeau bas !

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Les détails du coffret Scribendum / Rodzinski

Albéniz:

Navarra

El Corpus Christi en Sevilla (from Iberia, book 1)

Triana (from Iberia, book 2)

Beethoven:

Symphony No. 5 in C minor, Op. 67

Bizet:

Carmen Suite No. 1

Carmen Suite No. 2

Borodin:

Prince Igor: Polovtsian Dances

Dvorak:

Slavonic Dances Nos. 1-8, Op. 46 Nos. 1-8

Slavonic Dances Nos. 9-16, Op. 72 Nos. 1-8

Symphony No. 9 in E minor, Op. 95 ‘From the New World’

Falla:

El sombrero de tres picos – Suite

Ritual Fire Dance (from El amor brujo)

Franck, C:

Symphony in D minor

Le Chasseur maudit

Glinka:

Ruslan & Lyudmila Overture

Granados:

Danza española, Op. 37 No. 5 ‘Andaluza’

Grieg:

Peer Gynt Suites Nos. 1 & 2

Ippolitov-Ivanov:

Caucasian Sketches

Kodály:

Dances of Galanta

Dances of Marosszék

Háry János Suite

Mussorgsky:

Pictures at an Exhibition

A Night on the Bare Mountain

Khovanshchina: Prelude

Prokofiev:

Symphony No. 1 in D major, Op. 25 ‘Classical’

The Love for Three Oranges: Suite Op. 33b

Rachmaninov:

Symphony No. 2 in E minor, Op. 27

Rimsky Korsakov:

Russian Easter Festival Overture, Op. 36

Rossini:

Guillaume Tell Overture

Schubert:

Symphony No. 8 in B minor, D759 ‘Unfinished’

Shostakovich:

Symphony No. 5 in D minor, Op. 47

Strauss, J, II:

An der schönen, blauen Donau, Op. 314

Kaiser-Walzer, Op. 437

Frühlingsstimmen Walzer Op. 410

Rosen aus dem Süden, Op. 388

Geschichten aus dem Wienerwald, Op. 325

Strauss, R:

Don Juan, Op. 20

Till Eulenspiegels lustige Streiche, Op. 28

Der Rosenkavalier – Suite

Salome: Dance of the Seven Veils

Tanzsuite aus Klavierstücken von François Couperin

Tod und Verklärung, Op. 24

Tchaikovsky:

The Nutcracker, Op. 71

Symphony No. 4 in F minor, Op. 36

Symphony No. 5 in E minor, Op. 64

Symphony No. 6 in B minor, Op. 74 ‘Pathétique’

Romeo & Juliet – Fantasy Overture

Wagner:

Tristan und Isolde: Prelude & Liebestod

Die Walküre: Ride of the Valkyries

Die Walkure: Magic Fire Music

Götterdämmerung: Siegfried’s Funeral March

Götterdämmerung: Dawn and Siegfried’s Rhine Journey

Tristan und Isolde: Prelude & Liebestod

Die Meistersinger von Nürnberg: Overture

Die Meistersinger von Nürnberg: Dance of the Apprentices

Lohengrin: Prelude to Act 1

Tannhäuser: Overture

Chicago Symphony Orchestra

Royal Philharmonic Orchestra

New York Philharmonic

Philharmonia Orchestra

Columbia Symphony Orchestra

Vienna State Opera Orchestra

La vie des nôtres

Tout le monde a vu, ou devrait avoir vu, La Vie des autres, le film de 2006, primé aux Oscars, de Florian Henckel von Donnersmarck, et son acteur principal Ulrich Mühe mort un an après cette soudaine célébrité (https://fr.wikipedia.org/wiki/Ulrich_Mühe)

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Berlin, qui va fêter le 9 octobre les 25 ans de sa réunification, a ouvert un musée en ce début d’année, qui est non seulement une oeuvre de mémoire, mais une leçon d’histoire contemporaine : le STASI Museum. Sur les lieux mêmes, au sein du gigantesque quartier général du Minister fur Staatssicherheit (Stasi en raccourci) dans le quartier paisible de Normannenstrasse au nord-est de Berlin.

On ne ressort pas indemne de cette visite, même si on a beaucoup lu et vu sur ce système d’espionnage mutuel qui n’a eu aucun équivalent en Europe au XXème siècle, à l’exception des années de terreur stalinienne. Le héros des collaborateurs de la Stasi était d’ailleurs Felix Djerzinski, le bras armé de Lénine, fondateur de la sinistre Tcheka, ancêtre du KGB. C’est dire la référence !

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Les conditions de travail du patron et de l’état-major de la Stasi étaient, comme le montrent ces photos, des plus confortables. Les dignitaires des si mal nommées « démocraties populaires » ont toujours bien pris soin de leurs privilèges.

Mais le décor est accessoire, il faut visiter une à une les salles, des anciens bureaux, de ce musée, pour la qualité de la documentation – on est en prise directe avec l’horreur. Une horreur récente… et réelle. Tout y est méticuleusement décrit, la fondation de ce terrible « Ministère » sur les décombres de la Seconde guerre mondiale et la partition de l’Allemagne, qui va devenir dès 1950 et la répression sanglante du soulèvement des Berlinois, le coeur, le centre, l’essence de la dictature communiste version Ulbricht et Honecker. Un homme va se rendre indispensable, Erich Mielke, immuable patron de la Stasi.

Parmi les nombreux documents qu’on peut voir dans ce musée, cette vidéo terrible et ridicule de celui qui n’a rien compris à ce qui vient de se produire quelques jours plus tôt, et qui échappera jusqu’à sa mort en 2000 aux foudres de la justice…

Autre film édifiant sur les méthodes de la Stasi :

Florian Henckel aurait dû intituler son film : La vie des nôtres. Puisqu’il est avéré, depuis que les archives de la Stasi – c’est un « avantage » de la bureaucratie communiste, tout a été minutieusement consigné et conservé – ont livré leurs secrets, qu’au sein des familles, des couples, entre enfants et parents, frères et soeurs, tous se surveillaient, s’espionnaient, se dénonçaient mutuellement…

La nausée.

http://stasimuseum.de