No-stalgie

Je n’ai pas d’inclination pour la nostalgie, le regret du temps passé. Pourtant tout ce week-end m’y poussait.

Vendredi, une promesse faite depuis longtemps au talentueux Camille de Rijck de participer à une Table d’écoute, l’émission de critique de disques de Musiq3. La chaleur (!!) de l’accueil à l’entrée de la RTBF, l’odeur des couloirs si caractéristique de toutes les radios du monde, un bref passage par la cantine où l’on aperçoit quelques figures connues, puis deux heures de très bonne humeur partagées avec le piquant animateur et ses habituels comparses Martine Dumont Mergeay et Yoann Tardivel.

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Le tout à écouter sur Musiq3 (ou à podcaster) le 27 décembre. Le sujet ? trois valses de Johann et Josef Strauss, et Die Libelle de Josef Strauss. Ringarde la famille Strauss ? Il se pourrait bien que, loin des clichés du concert viennois de Nouvel An, les auditeurs de cette Table d’écoute changent d’avis…

Le même soir, on ralliait Liège pour retrouver beaucoup d’amis. Une soirée klezmer à la Salle Philharmonique, en terrain de connaissance(s). Ma chère Isabelle Georges, le généreux Sirba Octet, des musiciens et un chef en symbiose. Les grandes soirées d’avant Noël comme il y en eut tant à Liège. Et l’incontournable Sotto piano où l’on se retrouve accueilli comme si c’était hier.

Erreur
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Samedi c’était circuit habituel, Maastricht – la période des soldes commence toujours avant Noël aux Pays Bas ! -, la petite boutique des excellents chocolats Galler, les rues du centre de Liège sous bonne garde, des militaires et des policiers armés partout ! Et le soir un dîner surprise avec les amis de toujours, le plaisir de retrouver Les Folies gourmandes, l’une des tables les plus chaleureuses de la Cité ardente.

Ce dimanche, il ne fallait pas traîner pour être à l’heure à la « matinée » de l’orchestre du Gürzenich, à la Philharmonie de Cologne, dirigé par Louis Langrée. Et partager avec des « fans » liégeois un programme typiquement français (Ravel Ma mère l’oye, concerto en sol et la Symphonie Fantastique de Berlioz). Un répertoire peu familier pour l’orchestre, qui reste corseté tout au long du concert, un pianiste oubliable, mais on n’est pas objectif s’agissant de l’ancien directeur musical de Liège et du Music director du Cincinnati Symphony !934081_614968305301991_2951005884953696317_n

On ne peut pas refermer ce week-end en omettant les deux disparitions survenues dans le monde musical. L’une est passée inaperçue, pourtant le timbre et la beauté de la voix de contralto d’Aafje Heynis (1923-2015) n’ont pas fini de nous émouvoir, l’autre a été saluée comme toujours avec force adjectifs hyperboliques – c’est une manie dans les médias, quelqu’un de connu disparaît, surtout âgé, et c’est automatiquement « l’un des plus grands » ! – la mort du chef d’orchestre Kurt Masur (1927-2015). J’y reviendrai bien sûr, mais sans verser dans l’excès ni de critiques ni de louanges. France Musique lui consacre son lundi, l’occasion peut-être de réévaluer la carrière du vieux chef.

 

Histoires belges

D’abord il y avait un devoir d’amitié, une présence depuis longtemps promise à l’ami P. qui prenait possession de ses nouvelles pénates. Et puis à d’autres aussi, parmi celles et ceux avec qui on a partagé toutes ces années liégeoises. Mais jusqu’au bout rien n’était sûr, on a donc un peu débarqué par surprise en Cité ardente, extrêmement animée en ce premier samedi d’octobre, conjonction de l’ouverture de la traditionnelle Foire d’octobre et des Coteaux de la Citadelle. Une horreur, un pic de pollution et d’embouteillages dont on s’est vite extirpé !

Une brève visite à la FNAC, qui n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut, hors le personnel et sa gentillesse légendaire – « je suis heureuse de vous revoir, ça fait longtemps que je ne vous vois plus » (une caissière, pardon une hôtesse de caisse !), dont je ne suis pas ressorti les mains vides.

D’abord un excellent livre, mal intitulé de mon point de vue, dû à un jeune et talentueux journaliste, François Brabant, l’un des meilleurs que j’aie croisés durant mes années belges. C’est très documenté, vif, alerte comme un thriller, et plus que le petit bout de la lorgnette d’une histoire locale – c’est pour cela que je n’aime pas le titre ! – c’est toute une époque de la vie politique belge qui est évoquée avec à la fois un sens de la vaste perspective et la précision du détail historique. Passionnant, et – plutôt rare – ni combattant, ni complaisant.

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Puis des disques à prix bradé, qui n’ont rien de belge ni de liégeois, mais que je n’avais pas trouvés ailleurs.

J’ai une pleine collection de concertos de Bach (Jean-Sébastien) au piano moderne, une hérésie pour certains, mais voilà mes oreilles ont toujours mieux supporté le Steinway au ferraillement du clavecin dans un répertoire où l’instrument compte moins que la musique elle-même. Et j’ai découvert que de  jeunes artistes ont appliqué le même traitement aux fils de Bach, avec un résultat surprenant et captivant, puisqu’au piano ludique, bondissant (on est aux antipodes du tricotage de Monsieur Gould) du sino-néerlandais See Siang Wong répond un orchestre de chambre de Bâle  baroque, rauque, acéré – trop parfois – mené à la cravache par le violon de Yuki Kazai, une ancienne élève de Raphael Oleg au Conservatoire de cette ville suisse, pionnière en matière d’interprétation « historiquement informée » (August Wenzinger, la Schola cantorum basiliensis) . Je jubilais sur la route du retour.

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Une belle découverte, et dans mon panier, une redécouverte, un grand monsieur du piano français, Vlado Perlemuter, dont ma discothèque est étrangement peu pourvue. Grâce à Alain Lompech qui avait construit une collection « Le Monde du piano », sans doute disponible en kiosque, mais que je n’avais pas remarquée à sa sortie française, et qui était justement proposée soldée à la FNAC de Liège, j’ai retrouvé les Ravel justement mythiques, enregistrés, pas très bien, au mitan des années 50, avec Jasha Horenstein au pupitre des concerts Colonne pour les concertos, et trois sonates miraculeuses de Mozart.

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J’ai bien sûr profité, outre de la joie des retrouvailles, de paysages, d’une campagne – le pays d’Herve, l’Ardenne bleue -, l’ancienne route de Liège à Aix-la-Chapelle, que l’autoroute toute proche et plus rapide m’avait jusqu’alors masquées.

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Réapprovisionnement en thés de toutes sortes dans un petit magasin familial de Maastricht qui vaut tous les Mariage Frères et autres Palais des thés, un authentique torréfacteur de surcroît, une adresse incontournable : Blanche Dael, Wolfstraat 28 (en plein coeur piétonnier de la ville)

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