Performance

Gainsbourg, Brassens, BrelBarbara c’est la nostalgie d’un âge d’or de la chanson française, exploitée avec plus ou moins de bonheur par les interprètes d’aujourd’hui (au risque même de la trahison dans le cas de Patrick Bruel).

Quand Lambert Wilson a conçu l’idée d’un hommage à Yves Montand, certains ont dû penser qu’il s’y mettait à son tour. L’ambition était tout autre, comme l’exprime ce texte :

« Pourquoi Yves Montand? Pourquoi aujourd’hui? Vingt-cinq ans après sa disparition, que nous reste-t-il de lui?

Une silhouette longiligne et souple, vêtue de noir, les échos d’une voix reconnaissable entre mille, un vibrato particulier, un répertoire considérable, des rencontres avec les plus grands poètes et compositeurs de son temps, une longue carrière d’acteur de cinéma, un engagement politique, des femmes, Simone Signoret, Edith Piaf, Marilyn Monroe, une popularité immense.

J’ai demandé à Christian Schiaretti, le directeur du TNP de Villeurbanne de concevoir et de mettre en scène un spectacle en chansons autour de cette icône du XXème siècle. À partir des personnages qui l’auront accompagné, des rencontres qu’il aura faites pendant toute sa vie, nous tenterons d’esquisser, entre textes, poésies et musique, le portrait d’un homme qui, issu du monde ouvrier, et par la seule force de son ambition et de son talent, a su laisser derrière lui une réelle oeuvre : ce répertoire, précisément, dont il a été à l’origine.

Une trentaine de chansons arrangées par Bruno Fontaine, six musiciens sur scène, et un acteur qui chante évoquant, sans jamais vouloir l’imiter, un chanteur devenu acteur ». (Lambert Wilson, mars 2016)

J’étais dimanche soir à la première des trois soirées parisiennes de la tournée Wilson chante MontandDans la salle mythique du Trianon au pied de la butte Montmartre.

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Salle comble pour deux heures sans pause d’une performance époustouflante. Performance scénique d’un chanteur/acteur capable de tout, jouer, chanter, danser, dire (les beaux textes de Semprun sur Montand) à un rythme qui ne lui laisse aucun répit.

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Performance artistique, à aucun moment Wilson ne singe, n’imite Montand, il l’interprète, l’incarne, le fait vivre. La performance est aussi celle certes du metteur en scène Christian Schiaretti mais plus encore de l’homme-musique qu’est Bruno Fontaine (qui récidive après ses hommages à Barbara – Des histoires d’amour – et Bécaud – Nathalie et ses guides)

Chapeau bas les artistes ! Un spectacle à voir encore ce soir à Paris, puis en tournée.

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Nathalie et ses guides

Ce vendredi l’actualité c’était Paris sous l’eau et ses photos spectaculaires.

C’était aussi cette délicieuse soirée dans ce lieu si improbable et si chaleureux qu’est le Théâtre des Bouffes du Nord, autour de Gilbert Bécaud et de ses auteurs.

IMG_3402C’est l’homme de tous les talents, pianiste, chef, compositeur, arrangeur, Bruno Fontaine, qui en a eu l’idée avec le concours de la SACEM.

IMG_3403C’est d’abord cette actrice magnifique, qu’on ne peut qu’aimer profondément, inconditionnellement, Sandrine Bonnaire, silhouette légère dans une légère robe rouge, qui dit sans fard ni artifice des textes de Bécaud ou de ses célèbres paroliers Pierre Delanoë, Louis Amade, Aznavour.., c’est Bruno Fontaine qui connaît tout son piano classique qui parsème ses interventions, ses arrangements, de discrètes allusions à Chopin, Bach, Debussy et tant d’autres, ce sont des chanteurs qu’on n’attendait pas forcément dans Bécaud.

J’avais complètement perdu de vue Jean Guidoni, la silhouette s’est appesantie, la voix s’est arrondie, on pense parfois à Nougaro, et on est heureux de le retrouver. Arthur H nous émeut plus qu’on ne l’aurait imaginé avec Nathalie

Je découvre un beau personnage, Ben Mazué, qui se coule à merveille dans Les marchés de Provence et Quand tu danses.

J’apprécie l’énergie de Clarika, mais moins ses poses et une voix souvent fâchée avec la justesse. Bruno Fontaine, Christophe Willemme à la basse et Daniel Ciampolini à la batterie nous offrent un plein de nostalgie avec un Dimanche à Orly instrumental.

Et puis, une fois encore sans aucune objectivité, on cède à la voix, à la lumineuse présence d’Isabelle Georges – qui a eu une permission de sortie d’un soir du Théâtre La Bruyère (Parlez moi d’amour) -. Elle chante Je t’attends, L’absent et conclut la ronde avec l’une des plus belles chansons de son propre spectacle (Amour Amor) C’est merveilleux l’amour.

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