L’orchestre en gloire

On doit à celui qui avait déjà réalisé une impressionnante plongée Au coeur de l’orchestre

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un nouvel ouvrage tout frais sorti des presses, que Christian Merlin a lui-même sous-titré Biographie d’un orchestreL’Orchestre philharmonique de Vienne, ce corps musical glorieux s’il en est, célèbre ses 175 ans d’existence, et mérite bien le travail d’orfèvre auquel s’est livré l’auteur depuis plusieurs années. Résultat : un magnifique ouvrage qui peut passionner le plus grand nombre, et pas seulement les admirateurs inconditionnels des Philharmoniker !

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L’Orchestre Philharmonique de Vienne est une légende. La formation qui a créé la Deuxième Symphonie de Brahms, la Quatrième de Bruckner ou la Femme sans ombre de Richard Strauss est universellement connue à cause du traditionnel Concert du nouvel an. Convaincu depuis longtemps qu’un orchestre existe d’abord par ses membres, Christian Merlin a résolu d’entreprendre ici la biographie des « Wiener Philharmoniker ». Son ouvrage explore ainsi les spécificités qui font de cet orchestre un phénomène unique au monde : le mode de recrutement des musiciens, leur origine nationale ou ethnique, leur forte dimension familiale, pour ne pas dire dynastique, la place des femmes dans cette communauté longtemps exclusivement masculine, la manière dont ils défendent leur autonomie artistique et renversent le rapport traditionnel au chef d’orchestre, qu’ils élisent et peuvent révoquer, tous ces aspects sont mis sans cesse en parallèle avec la grande histoire, celle de l’Autriche et celle de l’Europe. En fil rouge de cette histoire, l’auteur n’a de cesse de s’interroger sur l’existence et la persistance d’un  » style viennois « , revendiqué par ces musiciens se réclamant d’une identité musicale spécifique. Cette exploration est émaillée d’innombrables anecdotes destinées à lui donner vie, notamment grâce aux fortes personnalités des musiciens qui se sont succédé aux différents pupitres. (Présentation de l’éditeur).

En effet, cette phalange unique au monde n’est pas réductible aux viennoiseries qui ont fait sa célébrité mondiale chaque 1er janvier.

Il y a quelques mois, Decca et Deutsche Grammophon avaient proposé deux beaux coffrets (palme tout de même à Decca, partenaire historique des Viennois, pour la variété des répertoires et des artistes et la richesse de l’iconographie)

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J’ai justement croisé Christian Merlin (qui revenait de Hambourg et de l’inauguration de l’Elbphilharmoniehier soir à Radio France, où Emmanuel Krivine dirigeait, pour la seule fois de cette saison, l’Orchestre national de France dont il deviendra le directeur musical à part entière en septembre prochain. Evénement mondain et surtout musical. Tout ce que Paris compte dans le monde de la musique, une belle brochette d’anciens présidents de Radio France, comme une avant-première du mandat du bouillant chef français dans la Maison ronde.

15941361_10154301435707602_4762544916690418968_nAu programme, l’une des symphonies les plus « piégeuses » du répertoire romantique, la 7ème de Dvořák. Qui ne fonctionne au concert que s’il y a plus qu’entente, osmose entre le chef et les musiciens. Ce qu’on a entendu hier augure bien de la relation entre Emmanuel Krivine et l’ONF.

C’était pour moi aussi l’occasion de retrouvailles avec le phénomène Denis Matsuev.

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Le 22 juillet 2016, il livrait l’une de ces performances dont il a seul le secret, un Troisième concerto de Rachmaninov qui ne lui pose aucun problème technique et qu’il joue avec une jubilation toujours renouvelée. C’était à Montpellier avec Valery Gergiev et l’orchestre national des jeunes des USA.

Avec Emmanuel Krivine et le National, même feu d’artifice, même élan vital. Et deux généreux bis que cet athlète du clavier adore offrir au public.

Un concert à revoir et entendre ici : Denis Matsuev, Emmanuel Krivine, Orchestre National de France / ARTE TV / France Musique

Humeurs

Je n’avais pas bien compris pourquoi Nikolaus Harnoncourt avait accepté de faire un disque Mozart avec Lang Lang. Quelques réponses m’ont été données dans ce documentaire diffusé très tardivement dimanche sur Arte (http://www.arte.tv/guide/fr/053918-000-A/mission-mozart-lang-lang-nikolaus-harnoncourt). Extrait :

Je ne suis toujours pas convaincu par le pianiste dans ce répertoire, mais mon admiration pour le vieux chef disparu récemment n’en est que plus vive. Quelle bienveillance, quelle attention à son jeune partenaire, et quel art exceptionnel de raconter, d’expliciter la musique !

Et puis cette remarque pleine d’humour : « Please don’t call me Maestro ! We should keep this term for hairdressers » . Encore un mot – Maestro – qui désignait jadis légitimement le chef d’orchestre à l’opéra, et en Italie (je me rappelle il y a une vingtaine d’années une ouverture de saison à La Scala, avec Nabucco dirigé par Riccardo Muti, et ce cri surgi de la foule « Viva il Maestro » déclenchant une ovation pour le chef), et qui aujourd’hui est utilisé à toute occasion pour désigner un musicien célèbre, chef d’orchestre ou non d’ailleurs. Harnoncourt avait raison..

Humour, humeur…j’ai envie de cultiver la bonne humeur, malgré l’actualité.

La France est-elle définitivement irréformable ? C’est ce qu’un observateur extérieur doit penser, considérant les aléas du projet gouvernemental sur le travail. Ce n’est même pas un texte déposé et discuté à l’Assemblée Nationale, ni même encore adopté en Conseil des ministres, que tout le monde – à commencer par les moins concernés, les fonctionnaires ou les salariés d’entreprises publiques – le dézingue. Valls et ses ministres avancent leurs propositions, ils sont taxés de rigidité et d’autisme, et quand après avoir réuni les partenaires sociaux, réécrit leur texte, la presse quasi unanime les prend en flagrant délit de reculade ! Belle avancée en effet…Les manifestants de la semaine dernière savaient-ils au moins pourquoi ils manifestaient ? (https://jeanpierrerousseaublog.com/2016/01/25/le-travail-cest-la-sante/).

Autre actualité, venant d’un pays auquel je suis très attaché, la Roumanie (un premier voyage en 1973 !) : (http://www.levif.be/actualite/international/la-villa-de-ceausescu-ouverte-pour-la-premiere-fois-au-public/article-normal-478143.html)Ba

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Gageons que le palais du dictateur et de sa famille va vite devenir une attraction touristique… et puis c’est si loin maintenant…Je suis sûr que cet ensemble décoré avec un extrême bon goût plairait beaucoup à M. Trump ou à son admirateur l’ineffable JCVD

https://www.youtube.com/watch?v=xodHQ0Swq9k

 

Allez, pour éclairer votre journée, un nouveau disque d’un jeune pianiste flamboyant (qui sera à Montpellier l’été prochain), Florian Noack51nP-b5COzL