Les battements de l’amour

Il y a une semaine, j’assistais aux 25èmes VIctoires de la Musique classique (lire Victoires jubilaires). Hier j’ai suivi une partie de la 43ème cérémonie des CésarPas plus dans un cas que dans l’autre, je ne sais comment s’opèrent la sélection des « nommés », puis le vote pour les récompensés, mais j’ai trouvé les deux palmarès également intéressants, et plutôt justes. De belles personnalités ont été distinguées, c’est l’essentiel.

On avait lu partout que le film de Robin Campillo, 120 battements par minute était l’un des grands favoris. Pronostic confirmé.

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Je ne peux que répéter ce que j’écrivais en septembre 2017 :

« C’est une histoire, celle d’Act Up, que ma génération a vécue en direct, tout ici est juste, sobre, magnifiquement filmé, rien n’est de trop, pas de mélo ni de caricature. Les acteurs sont parfaits. Sortant du cinéma de quartier où j’ai vu le film hier soir, je repensais intensément au printemps 1993 – il y a 25 ans ! – ces allers-retours Haute-Savoie Paris pour rendre visite à B. à l’hôpital Rothschild. Le corps ne suivait plus, mais l’esprit était encore vif, malgré le visage et les yeux creusés par l’inexorable maladie : « Tu leur diras bien que je les embrasse, et que je viendrai vous voir bientôt ». Il savait, comme moi, que jamais il ne viendrait plus embrasser son filleul et son frère, mes enfants. Il n’avait pas 40 ans…Combien sont-ils, connus ou inconnus, artistes, musiciens, danseurs, que j’ai eu la chance de rencontrer, fréquenter, pendant des jours heureux et des soirs de fête, qui ne sont plus qu’un long cortège de souvenirs… »

Je suis retourné au cinéma cet après-midi voir un autre film qui parle d’amour, de l’éveil, de la naissance, des battements de l’amour,  Call me by your name du cinéaste italien Luca Guadagnino.

J’avais beaucoup aimé Amoresorti en 2010 à Liège. Très forte et durable impression, renforcée par une bande-son due à John Adams, qui avait toujours refusé jusqu’alors que sa musique soit utilisée au cinéma. Déjà une histoire d’amour contrariée, transgressive.

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Luca Guadagnino réédite l’exploit d’Amore avec Call me by your name. Certains critiques y ont vu un excès de sophistication, d’esthétisme, là où il n’y a que de superbes plans, captant la douceur d’un regard, l’affolement des sentiments, la beauté de l’été italien.

imagesLes deux acteurs principaux, Timothée Chalamet (Elio)– à qui on promet un Oscar – et Armie Hammer (Oliver) jouent tout en pudeur et en finesse. Un très beau film, inspiré du roman éponyme d’André Aciman, qui évite autant la caricature que le manichéisme. Parmi bien des scènes magnifiques, l’une m’a tout particulièrement touché, lorsque, vers la fin du film, le père d’Elio se confie à son fils et lui donne le plus beau des conseils qu’un père puisse donner à son fils… Je sais pourquoi cette séquence m’a bouleversé, c’est un dialogue que je n’ai jamais pu avoir avec le mien (Dernière demeure)

La bande-son de ce dernier film de Guadagnino est particulièrement soignée, elle est due à Gerry Gershman et Robin Urdang. Avec un emprunt à Ravel et son Jardin féérique (Ma Mère l’oye) dans l’un des derniers plans, le jardin de la propriété familiale sous la neige comme un adieu aux bonheurs fugaces de l’été.

https://www.youtube.com/watch?v=DTSey_og_hk

Les jours enfuis

Impossible d’échapper à la tragique actualité de la planète.

Je retrouve quelques photos du printemps 2009 en découvrant ce matin les ravages provoqués par l’ouragan Irma sur l’île de Saint-Martin. Jours heureux au milieu d’une population chaleureuse, solidarité d’autant plus vive aujourd’hui avec ceux qui ont tout perdu.

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Inégalité aussi révoltante dans le traitement des catastrophes : combien d’heures d’antenne, de reportages pour l’ouragan Harvey qui a touché le Texas, et combien en comparaison pour les terribles inondations qui ont frappé Bombay ? (lire : Bombay est aussi sous l’eau).

Souvenirs là encore de deux visites à un an d’intervalle dans cette ville-monde (voir Visite à Shiva, cet univers si riche humainement (voir Film City), si intensément chaleureux et attachant (voir La vie devant soi)

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(Des photos de cette ville fascinante : Sea frontMarchésBritish HeritageJardins suspendus).

Les jours enfuis, les vies disparues, c’est l’actualité de la rentrée cinématographique, avec le film primé à Cannes de Robin Campillo : 120 battements par minute.

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Tout a été écrit et dit sur ce grand film, qu’il faut assurément voir. C’est une histoire, celle d’Act Up, que ma génération a vécue en direct, tout ici est juste, sobre, magnifiquement filmé, rien n’est de trop, pas de mélo ni de caricature. Les acteurs sont parfaits. Sortant du cinéma de quartier où j’ai vu le film hier soir, je repensais intensément au printemps 1993, ces allers-retours Haute-Savoie Paris pour rendre visite à B. à l’hôpital Rothschild. Le corps ne suivait plus, mais l’esprit était encore vif, malgré le visage et les yeux creusés par l’inexorable maladie : « Tu leur diras bien que je les embrasse, et que je viendrai vous voir bientôt ». Il savait, comme moi, que jamais il ne viendrait plus embrasser son filleul et son frère, mes enfants. Il n’avait pas 40 ans…

Combien sont-ils, connus ou inconnus, artistes, musiciens, danseurs, que j’ai eu la chance de rencontrer, fréquenter, pendant des jours heureux et des soirs de fête, qui ne sont plus qu’un long cortège de souvenirs…