Beethoven 250 (XVII) : Karl Münchinger ou la grandeur classique

J’ai assez peu évoqué ici une figure familière du monde de la musique classique de la seconde moitié du XXème siècle, le chef d’orchestre allemand Karl Münchinger (1915-1990). Brièvement – Timbres d’or et d’argent – à l’occasion de la réédition, très bienvenue, d’une quasi-intégrale des symphonies de Schubert glorieusement captée à Vienne (et pour la Neuvième à Stuttgart). Mais c’est tout et c’est trop peu.

J’aurais pu le faire lorsque Decca/Eloquence a ressorti deux coffrets dont le contenu – et l’utilité – m’ont laissé perplexe.

Je suis, d’ordinaire, le premier à m’enthousiasmer pour le travail éditorial de la branche, jadis australienne, de la collection Eloquence de Decca, mais là j’avoue que je n’ai pas compris la nécessité de rééditer trois versions des Quatre saisons de Vivaldi.

Beethoven : La grandeur classique

J’avais le vague souvenir d’avoir vu, lors de séjours en Allemagne, et lorsqu’il y avait encore des magasins de disques classiques (!), des enregistrements de Münchinger dans des collections très bon marché. Mais je ne les avais pas achetés pour autant. C’est par hasard que j’ai redécouvert quelques symphonies de Beethoven, enregistrés par Karl Münchinger à la tête de l’orchestre de la radio (et non de son orchestre de chambre) de Stuttgart. Depuis que j’ai pu acquérir les symphonies 2, 3, 6, 7 (en attendant d’en trouver d’autres ?), je vais de bonne surprise en émerveillement

J’entends un chef nourri aux meilleures sources, qui fait chanter éperdument l’orchestre beethovénien, qui ne cherche à imiter personne de ses illustres contemporains, encore moins à imposer ses « relectures » (lire Prétention). Qui est simplement éloquent, qui sait conduire un discours, nous tenir en haleine. Des tempi confortables ? écoutez les surprises que le chef ménage dans le premier mouvement de l’Héroïque, et quelle magistrale coda (et quelle splendide prise de son!) qui ne confond pas vitesse et précipitation.

Et cette Pastorale (qui contrairement à ce qu’indique la pochette du disque porte le numéro d’opus 68 et non 88 !) si poétique? Si fidèle dans la lettre et l’esprit aux indications du compositeur sur la partition : 3ème mouvement Joyeuse assemblée de paysans, 4ème mouvement L’orage

En cherchant un peu sur le Net, j’ai réussi à me procurer un coffret de 3 CD qui regroupe ces enregistrements beethovéniens de Münchinger à Stuttgart.

Une réflexion sur “Beethoven 250 (XVII) : Karl Münchinger ou la grandeur classique

  1. Munchinger est très oublié aujourd’hui comme son acolyte munichois Karl Richter; affrontement également de 2 maisons de disque ( Decca vs Archiv produktion). J’avais/j’ai quelques vinyles Bach avec KM mais ils le semblent plus mal vieillir que ceux de KR : certes toujours d’excellents chanteurs mais des effectifs choraux peu agiles et une lourdeur globale contrastant avec l’énergie ( un peu raide quant même ) de son concurrent munichois.
    Je suis donc content de savoir que son Beethoven est intéressant mais nos discothèques et nos bourses ne sont pas extensibles à l’infini.
    Merci pour cette révision discographique toujours intéressante avec parfois la petite madeleine de Proust.

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