Quelles victoires ?

Hier soir avait lieu, pour la première fois dans l’Auditorium de la Maison de la radio à Paris, la 24ème soirée des Victoires de la Musique classique

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(Deux récompensés : Marianne Crébassa et Jonas Kaufmann)

J’étais présent à cette longue, trop longue cérémonie, je n’étais pas comme l’an dernier devant mon poste de télévision (lire Victoires et Victoires suite). J’aurais pu signer le texte enflammé qu’Arièle Butaux publiait ce matin sur sa page Facebook :

« Chaque année, des grincheux masochistes se collent devant leur écran de télévision pour dézinguer en direct sur les réseaux sociaux les victoires de la musique. On se pince le nez, on déverse son fiel entre «gens qui savent». Trois heures de musique classique à une heure de grande écoute, accessible à tous, quelle faute de goût! La musique, on voudrait la confisquer, se la garder entre initiés, éviter surtout que des néophytes se prennent d’amour pour elle et en voient leur vie embellie à jamais . La musique, c’est chasse gardée! Ah oui mais hier, la musique s’est rebiffée! Avec les armes redoutables de ses meilleurs serviteurs : le talent et la générosité.
N’ayant pas la télévision, j’ai assisté à la soirée des Victoires de la musique classique depuis le premier rang de l’auditorium de Radio France… Avec une bouteille d’eau planquée sous mon siège parce que trois heures, c’est long! C’était du moins ce que je pensais avant le début de la soirée car je n’ai réellement pas vu le temps passer. Programme bien ficelé et pensé ( Oui il y avait quelques tubes , oui certaines oeuvres ont été coupées mais on a entendu Philippe Hersant, Saint-Saens, Schumann, Rossini, Haendel… ), engagement total des artistes qui, bien que se succédant sur scène sans vraiment s’y croiser, semblaient galvanisés les uns par les autres et il y avait de quoi ! Un concert pour le plaisir, animé par l’adorable Frédéric Lodéon qui, parce qu’il est du sérail, se situe toujours exactement où il faut par rapport aux artistes , un palmarès de haute tenue ( malgré un petit regret personnel pour Guillaume Bellom mais ce sera pour l’année prochaine!).
Hier soir, la musique a gagné contre les grincheux, qu’on a d’ailleurs moins entendus! Merci et bravo à Sonya Yoncheva, Marie-Nicole Lemieux, Jonas Kaufmann ( si si!), Stéphanie d’Oustrac ( la plus belle robe de la soirée!), Florian Sempey, Marianne Crebassa, Nemanja Radulovic, Adam Laloum ( enfin une Victoire pour ce génie!), Bruno Philippe, Thibault Cauvin,  Juanjo Mosalinii, Shani Diluka, Geneviève Laurenceau, l’ensemble Les Accents, Magali Mosnier, Philippe Jaroussky, Guillaume Bellom, Lea Desandre ( révélation lyrique, une merveille!) , Raquel Carminha, Catherine Trottman, Adelaïde Ferrière, l’orchestre Philharmonique de Radio France, Mikko Franck, Elena Schwarz… Et bravo à Béatrice Le ClercGilles Desangles, Octavie de Tournemire pour ce travail de titan! Rendez-vous en 2018 et vive la musique ! »

Mais j’ai cru comprendre, en lisant nombre de réactions sur les réseaux sociaux, que le spectacle audio-télévisé avait été nettement moins bon que celui qu’Arièle et moi avons vécu. Décalage permanent entre le son et l’image, « mise en scène » discutée et discutable, etc.

A titre personnel, je n’aime pas beaucoup les choix esthétiques de la maison de production qui réalise ce type de soirées, les éclairages disco censés saturer l’espace, comme si, s’agissant de musique classique, on avait peur du vide ou du silence. Mais rien n’est plus difficile et exigeant que de filmer des musiciens, en direct de surcroît. On ne va pas jeter la pierre aux rares producteurs français qui en sont capables, et qui se battent pour exister sur un marché de plus en plus exigu.

Je pourrais aussi critiquer la longueur d’une telle soirée – qui est resté pour écouter, bien après minuit (!) Thomas Ospital faire résonner les grandes orgues de l’Auditorium ?.

Pourquoi avoir attendu 23h50 pour décerner la Victoire de la révélation soliste instrumental à Adélaide Ferrière, ou la dernière heure pour offrir cette séquence magique des chanteurs d’oiseaux ?

A trop vouloir embrasser on étreint mal et on décourage le public devant son poste. Trop d’invités, donc trop de séquences sans lien les unes avec les autres, même si j’y retrouvais avec plaisir tant d’amis, et en particulier des fidèles du Festival de Radio France.

Mais célébrons sans réserve la musique, telle qu’elle est portée par une jeune génération d’artistes qui ajoute au talent l’intelligence et la générosité. Et rendez-vous pour plusieurs d’entre eux en juillet prochain à Montpellier et dans la région Occitanie…(l’édition 2017 du Festival de Radio France sera dévoilée à la mi-mars)

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