Camélia ou la discorde

Je dois bien avouer que je connais très peu de sa vie et de son oeuvre. Sa présence et son chant lors de l’hommage national aux victimes des attentats de novembre 2015 m’avaient touché :

Le microcosme de la musique classique s’enflamme depuis quelques heures : Camélia Jordana a été nommée, au titre des personnalités qualifiées, au conseil d’administration de l’Ensemble Intercontemporain (https://fr.wikipedia.org/wiki/Ensemble_intercontemporain).

Extraits choisis des échanges et commentaires sur Facebook :

« Suite au post publié hier sur mon mur à propos de la nomination au conseil d’administration de l’Ensemble Intercontemporain fondé en 1976 par Pierre Boulez qui exécrait la muzak à deux temps, de la chanteuse de variétés héroïne de « Nouvelle Star » Camélia Jordana, mon ami M.D.  a écrit à la Communication de l’EIC pour avoir la réponse à ce qui apparaissait comme un mauvais poisson d’avril avec retard à l’allumage dans cet aréopage du conseil d’administration des musiques contemporaines. 
« Cher Monsieur, Le conseil de l’Ensemble intercontemporain est composé, entre autres, de personnalités nommées par le ou la Ministre chargé(e) de la Culture, pour une durée de trois ans.
Camelia Jordana et Catherine Tasca ont été nommées lors du dernier renouvellement du conseil au début de l’année 2016.
Cordialement »
A quoi M.D. a répondu : 
« Merci pour votre réponse. C’est juste sidérant ! Mais où sommes-nous, sur quelle planète, dans quel monde ? Ubu à la culture. Ce Gouvernement nous aura tout fait. » 

Commentaire : Parce que vous pensez qu’Henri Loyrette et Brigitte Lefevre ont plus à dire sur la musique du XXe siècle et la création contemporaine, sur la place de l’Intercontemporain dans la vie musicale français et internationale que cette jeune chanteuse de variétés ? Non ! Mais ils ont l’honorabilité de leurs précédentes fonctions comme sauf conduit… et je sens poindre un peu de mépris social et culturel dans vos propos… avez-vous râlé quand Lefevre a été nommée présidente de l’Orchestre de chambre de Paris ? Non… et pourtant elle ne connait rien à rien sur le plan professionnel de ce qu’elle préside…. Avez-vous pesté quand Loyrette a été nommé ? Non…. et pourtant son domaine c’est les arts plastiques…. Ils sont incompétents tout comme elle mais ils ont le vernis… de l’honorabilité qui fait défaut à Camélia Jordan… Râler ? Oui ! et pas qu’un peu ! Mais… il faut râler de façon circonstanciée sans donner l’impression du mépris social et culturel.

 Autre commentaire : Tout est dans le symbole. Il n’y a aucun mépris dans les jugements négatifs sur cette nomination. B. Lefèvre est une autorité culturelle par le seul fait qu’elle a dirigé la danse à l’Opéra. Loyrette dirige un des plus grands musées du monde. Ça ne leur donne peut-etre pas de spécialité pointue sur la musique contemporaine mais enfin ils ont une compétence avérée en gestion d’institutions culturelles de haut niveau. Je n’ai rien contre cette toute jeune femme de 24 ans mais enfin ses seuls titres de « gloire » tiennent en deux ou trois chansonnettes bébêtes. A ce compte-là, pourquoi pas Didier Super (« arrête de t’la péter ») à l’Orchestre de Paris? Aurait-on imaginé, en d’autres temps que Sheila ou Mireille Mathieu entrent au CA du Domaine Musical ou Bach – pas Johann Sebastian mais celui de « l’ami Bidasse » aux Concerts Lamoureux?
Quelques remarques générales : d’abord préciser que, pour la jeune chanteuse, comme pour tous les membres de ce type de conseil d’administration, l’activité est bénévole et ne donne lieu à aucune rémunération. Ensuite rappeler qu’un C.A. n’a aucun rôle dans la direction artistique, la programmation, le projet culturel de l’organisme en question.
Souligner enfin que la moyenne d’âge de ces conseils d’administration n’est pas des plus basses, et qu’on y retrouve souvent les mêmes figures, certes expérimentées et blanchies sous le harnais. L’idée de rajeunir un peu ces cénacles n’est pas en soi contestable, on a bien compris que le doute porte sur le choix des personnes…
Oserai-je dire que je suis plus amusé (par le choix et la polémique qui s’en est suivie) que scandalisé…?