L’île en Seine

Il y a un an jour pour jour, je participais à l’inauguration d’un vaisseau musical d’un type nouveau, la Seine Musicale sur l’emplacement des anciennes usines Renault sur l’île Seguin à Boulogne-Billancourt : Mon choix

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Une année marquée par les inévitables interrogations sur les capacités d’un tel nouveau lieu à attirer et fidéliser le public, sur son modèle économique – le départ du grand ordonnateur de la Seine musicale, ex-patron du Châtelet, Jean-Luc Choplinen janvier dernier, avait semé le trouble.

Mais si l’on veut bien se rappeler tout ce qui a été dit et écrit sur la Philharmonie de Paris, inaugurée une semaine après les attentats de Charlie et de l’Hyper Cacher en janvier 2015, force est de reconnaître que les oiseaux de mauvais augure se sont abondamment trompés. Qui oserait nier qu’en deux saisons à peine, la Philharmonie a non seulement trouvé son public, mais l’a en très grande part créé ?

Le Parisien a récemment dressé un bilan d’une première année de la Seine Musicale : lire Une bougie et 450.000 spectateurs

Des progrès évidents à faire quant à l’accès et à l’environnement, l’article le souligne. Mais on ne doute pas du succès à terme de cette nouvelle aventure.

Mon choix

Mon choix était fait depuis plusieurs semaines. Je n’aurais pas voulu m’abstenir de participer à l’inauguration de la nouvelle Seine Musicale de l’île Seguin.

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C’était hier soir, et ce fut très réussi (je partage le compte-rendu qu’en a fait Diapason : La Seine musicale inaugurée).

Je me rappelais adolescent avoir visité les usines Renault et avoir éprouvé le choc du bruit assourdissant, des cadences infernales de certains ateliers. Il faut d’ailleurs visiter le petit pavillon qui rappelle dans une excellente pédagogie l’histoire de cette île de la Seine et la présence de Renault de 1929 à 1992.

Bravo au Département des Hauts-de-Seine, à la ville de Boulogne, et au consortium d’entreprises (Sodexho, Bouygues, TF1) qui ont mené à bien ce projet risqué. IMG_8559IMG_8557IMG_8561

Le complexe est aussi beau à l’extérieur qu’à l’intérieur. Mais c’est évidemment l’acoustique de l’auditorium d’une part, l’aspect de la Grande Seine d’autre part qui attisaient toutes les curiosités.

Pour moi, la troisième inauguration en trois ans ! Quelle capitale au monde peut s’enorgueillir d’avoir ouvert coup sur coup trois salles de concert ? D’abord l’auditorium de la Maison de la Radio en novembre 2014, puis la Philharmonie en janvier 2015.

Première impression : on se sent très bien dans l’auditorium de la Seine musicale. Dessin classique pour une salle confortable, toute de bois revêtue. Dès les premiers accords d’Insula orchestra, la formation de Laurence Equilbey, on est séduit par une acoustique quasi idéale, excellent compromis entre la netteté des plans sonores, la chaleur du son, une réverbération ajustée pour éviter saturations et dispersion. Les voix solistes s’entendent bien d’où qu’elles chantent. Bravo à Stanislas de Barbeyrac, Florian Sempey, Anaïk Morel et Sandrine Piau qui ouvraient le bal avec de larges extraits de Die Gärtnerin aus Liebe (la version allemande de La finta giardiniera) de Mozart

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Suivaient des extraits de la version française de Berlioz du Freischütz de Weber (inimitable Sandrine Piau dans la romance d’Agathe).

Et ce premier concert s’achevait avec cet autre hymne à la fraternité universelle, préfiguration de l’Ode à la joie de la 9ème symphonie, qu’est la Fantaisie chorale de Beethoven, Bertand Chamayou jouant un magnifique Pleyel.

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Le « milieu » musical était nombreux, à l’issue du concert commentaires favorables et félicitations unanimes. Reste à savoir comment va vivre et évoluer ce vaste vaisseau : son capitaine artistique, Jean-Luc Choplin, est optimiste, même si tout reste à prouver…

Dans la grande salle, The Avener et The Shoes rassemblaient des milliers de fans…

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Le gala d’ouverture est à (re)voir et (ré)écouter ici : France Musique, concert d’ouverture Ile Seguin

L’anti-déprime

Le hasard (?) avait bien fait les choses. Pas de débat Juppé-Fillon pour moi. Ce jeudi soir, j’étais au Châtelet pour le dernier spectacle proposé par l’incroyable Monsieur Choplinqui boucle une décennie prodigieuse à la tête de ce magnifique théâtre.

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Je me rappelle encore les sarcasmes qu’avait suscités sa première programmation, puis les louanges qui avaient salué Le Chanteur de Mexico en septembre 2006. Depuis, je n’ai pas le souvenir d’avoir vu un spectacle médiocre ou banal. Le théâtre va fermer au printemps pour travaux, et Jean-Luc Choplin en quitte la direction, officiellement pour cause de retraite, mais on le sait déjà attelé à relever un autre défi, celui du prochain complexe de l’île Seguin, la Seine musicale.

Alors cette 42ème rue ? Jean d’Ormesson aurait répondu : « Épatant » ! Tous les ingrédients d’un grand show, comme seul Broadway en a le secret, sont réunis. Le bonheur est total d’un bout à l’autre des 2h40 que dure le spectacle.

Courez-le voir, c’est le meilleur remède contre la déprime ambiante !

On peut aussi voir le film de Lloyd Bacon de 1933.

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https://www.youtube.com/watch?v=lxWRlr431Rw

Ecouter la bande originale de la création de la comédie musicale en 1980 :

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