La dictée verte de Cendrillon

J’aime m’amuser avec les subtilités de la langue française (lire : https://jeanpierrerousseaublog.com/2014/01/17/au-courant/). C’est en lisant sur le mur Facebook d’un ami cette faute malheureusement très fréquente – la pantoufle de verre de Cendrillon – que j’ai eu l’idée de cette nouvelle dictée… écologiste, puisque le Vert et tous ses homonymes y sont à l’honneur !

La poupée de verre

Lors de ma mise au vert, n’ayant ni le physique d’un vert Adam ni l’aura d’un ver luisant, j’ai fait des vers pour séduire la poupée de verre qui représente Cendrillon derrière la façade toute en verre de l’Opéra Bastille. Des vers, de la poésie quoi, pas des vers de terre, ni des vers solitaires, ni des verres à double foyer…

J’adore Cendrillon et son soulier de vair. J’aime quand elle s’habille de vert, envers et contre toutes les traditions du théâtre. Le vert porte malheur sur une scène, paraît-il, mais on dit bien : « Un vert ça va, trois verts bonjour les dégâts! » Mais je m’égare, ça c’était une plaisanterie d’un ancien ministre à propos des écologistes…

Charles Perrault, le père de Cendrillon, n’était ni d’Auvers, ni d’Anvers, pas plus d’ailleurs que de Vers (dans le Lot ou en Bourgogne), de Vers-sur-Méouge, de Vers-en-Montagne ou de Vers-sur-Selles, j’ai vérifié, il n’a visité ni l’imposant château de Vayres en Dordogne

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ni celui qui m’était beaucoup plus familier, tout près de Poitiers, le château de… Vayres !

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Je me consolerai d’avoir perdu la trace de Cendrillon et de son géniteur en buvant un bon verre de graves-de-vayres. Nu comme un ver, comme il se doit (pour un vert Adam)…

Et je reverrai avec bonheur la chorégraphie de Noureiev et réécouterai l’enregistrement d’Ashkenazy de la célèbre Cendrillon de Prokofiev !

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La victoire en chantant

Depuis la nuit des temps, le résultat d’une guerre ou d’une bataille se traduit par la victoire pour les uns, la défaite pour les autres. C’est ce que m’a opportunément rappelé ma visite de l’Ermitage à Saint-Petersbourg il y a une semaine, quand j’ai découvert cette impressionnante galerie :

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Dans cette Galerie 1812 ou Galerie Militaire – c’est son nom – sont accrochés 329 portraits, réalisés par le peintre anglais George Dawe, de généraux, maréchaux, soldats russes, héros de la Guerre patriotique de 1812.

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1812 ça ne vous rappelle rien ? Cet autre tableau, toujours accroché à l’Ermitage de Saint-Petersbourg, vous rafraîchira la mémoire

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(Peter von Hess, La traversée de la Berezina le 17 novembre 1812)

C’est évidemment l’un des épisodes les plus marquants des guerres napoléoniennes, et selon certains, le début de la fin des rêves de grandeur de l’Empereur. Pour les Russes, c’est une des grandes victoires de leur Histoire, pour les Français, ce n’est pas exactement le souvenir qu’ils en ont gardé !

Cette année est aussi synonyme d’une oeuvre musicale célèbre : l’Ouverture solennelle « L’année 1812 » op.49 – pour reprendre son titre exact et complet – de Tchaikovski. C’est en prévision de l’inauguration de la Cathédrale du Saint-Sauveur de Moscou, en 1882, pour célébrer la victoire de la Russie sur la Grande armée de Napoléon soixante-dix ans plus tôt, que cette oeuvre de circonstance a été commandée à Tchaikovski.

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Le compositeur qui n’imagine pas la célébrité posthume, et universelle, de l’œuvre, se montre assez lucide : « L’ouverture sera très explosive et tapageuse. Je l’ai écrite sans beaucoup d’amour, de sorte qu’elle n’aura probablement pas grande valeur artistique. »

De fait, on a connu Tchaikovski plus raffiné et surtout plus inspiré. De quoi se compose cette Ouverture 1812 comme on l’appelle maintenant ?

L’Ouverture solennelle 1812 commence par le chant militaire russe Dieu, sauve ton peuple, annonçant l’entrée en guerre de la Russie contre la France. Celui-ci est suivi de chants solennels évoquant la victoire pour la Russie. Ensuite vient le thème des armées en marche annoncé par les cors. La victoire française à la bataille de la Moskova et la prise de Moscou sont représentées par l’hymne national français : La Marseillaise. Ensuite, deux thèmes issus de chants populaires russes annoncent les futurs revers de Napoléon. Un diminuendo représente la retraite de Napoléon hors de Moscou (octobre 1812). Arrivent enfin les coups de canon représentant l’avancée russe à travers les lignes françaises. Puis, les cloches et les salves de canon célèbrent la victoire de la Russie et la défaite française. Dieu sauve le tsar, l’hymne impérial russe, retentit alors, en opposition avec La Marseillaise entendue précédemment. Durant la période soviétique, le thème de l’hymne Dieu sauve le tsar fut souvent remplacé par celui du chœur final de l’opéra Une vie pour le tsar de Mikhaïl Glinka.

Deux versions incontestables au disque, toutes deux avec choeurs (même si la version purement orchestrale est la plus fréquemment jouée) :

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